Service

Commémoration de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation - 26 avril 2020

Mise à jour le 26/04/2020
Malgré les mesures de confinement, la Mairie du 20e a tenu à honorer la mémoire des héros et des victimes de la Déportation. Une cérémonie a eu lieu, sans public mais filmée pour que chacun puisse y participer.

La cérémonie en vidéo

Ce contenu est hébergé par www.dailymotion.com
En l'affichant, vous acceptez ses conditions d'utilisation
et les potentiels cookies déposés par ce site.

Discours de Frédérique Calandra

Seul le prononcé fait foi
Mesdames, Messieurs,
Il y a 75 ans, les derniers camps de concentration nazis étaient libérés par les Alliés.
Après avoir commémoré, le 27 janvier dernier (jour anniversaire de la libération d’Auschwitz) comme chaque année, la Journée Internationale à la mémoire des victimes de la Shoah, nous commémorons aujourd’hui, en ce dernier dimanche du mois d’avril, la journée nationale des victimes et des héros de la Déportation. De toutes les déportations.
Camps d’extermination et solution finale pour éliminer des franges entières de la population considérées comme des êtres inférieurs (Juifs, tziganes, personnes handicapées,…), camps de concentration et d’élimination par le travail pour les déportés politiques (résistants, populations victimes de rafles,…) ou les homosexuels, tous ces déportés avaient comme point commun d’être considérés par les Nazis comme des « Stücks », des objets, des numéros ! Il leur était niée jusqu’à leur condition d’être humain.
Aujourd’hui, 75 ans après la libération des camps, il importe de ne pas oublier et de se souvenir.
L’ouverture des camps est un moment d’espoir. Ce jour manifeste la victoire contre les forces du mal, contre ceux qui ont voulu réduire à néant l’Humanité. La joie des libérés, encore visible sur les films et les photos d’archive nous rappelle ce fait.
Mais c’est aussi le moment où l’on a découvert l’horreur, une horreur qui dépasse l’imagination. Tous les déportés, Juifs, tziganes, homosexuels, handicapés, résistants de toutes nationalités, raflés, ont vécu l’enfer. Un enfer qui, comme celui de Dante avait des cercles : depuis les camps d’extermination dont seuls une poignée sont revenus jusqu’au sinistre théâtre de Theresienstadt où on met en scène pour la Croix-Rouge des prisonniers sélectionnés, promis à la mort de toute façon. Les camps « politiques » où les nazis envoient les « asociaux », c’est-à-dire ceux qu’ils rejettent hors de leur société et ceux qui ont le front de leur résister exhalent une telle terreur qu’on les a longtemps confondus avec les usines de la mort. Auschwitz, Treblinka, Sobibor, Belzec, Bergen-Belsen, Mauthausen, Buchenwald, Dora, Ravensbrück, Neuengamme, Sachsenhausen, Dachau, et tant d’autres : ces noms étrangers nous sont hélas redoutablement familiers. Ne les oublions pas, au nom des enfants, des hommes et des femmes assassinés, des résistants morts sous les coups, des femmes prostituées et de la cohorte des morts de faim.
Chaque année en France, les actes racistes, antisémites, xénophobes ou homophobes se comptent par milliers. Les hommes n’ont pas tous tiré les leçons de l’histoire.
C’est pourquoi nous avons toujours besoin des témoignages des déportés, et de leur transmission.
Au sortir des camps de concentration, les déportés, en créant les nombreuses amicales et fondations, se sont fait une promesse : celle du devoir de mémoire. Transmettre pour que cela ne se reproduise plus !
D’autres ne pouvaient pas réussir à parler de ce qu’ils avaient vécu, même à leur famille. Car comment, parfois, expliquer et raconter l’indicible ? Et alors que, après la guerre, certaines personnes refusaient encore de les croire ?
Beaucoup de petits-enfants n’ont ainsi découvert que tardivement l’histoire de leurs grands-parents quand les déportés, à la fin de leur vie, ne pouvaient pas imaginer partir sans témoigner.
Aujourd’hui, malheureusement, de moins en moins de témoins directs sont encore là pour transmettre cette mémoire.
C’est pourquoi notre rôle à nous, enfants de la 2e ou de la 3e génération, c’est de continuer à transmettre et à nous souvenir. Au devoir de mémoire auquel les déportés se sont astreints, nous devons poursuivre un travail de mémoire permanent.
« Quiconque écoute un témoin le devient à son tour » nous dit Elie Wiesel.
Si nous perdions la mémoire de la Guerre, si nous perdions la mémoire de la Résistance, si nous perdions la mémoire de la Déportation, nous prendrions le risque d’affaiblir les piliers de notre société, notre modèle social issu de la solidarité des réseaux de résistance.
Mesdames, Messieurs,
Vous êtes nombreux aujourd’hui à subir la situation sanitaire et à être contraints au confinement. Beaucoup d’entre vous disposent de temps. De beaucoup de temps. On dit qu’il est peut-être un luxe. Il s’avère être parfois un fardeau. Et si nous profitions de ces moments de calme, de ces moments d’inactivité, pour nous replonger dans les livres d’histoire et transmettre à nos enfants, à nos amis, à nos proches, les valeurs issues de la Conseil National de la Résistance ?
Le temps est sacré. Utilisons-le à bon escient, apprenons, souvenons-nous et remercions, encore, toujours, ces héros de la Déportation, ces victimes de l’horreur, ces témoins et combattants de la liberté.
Je vous remercie.

Message commun des associations mémorielles

Il y a soixante quinze ans, au printemps 1945, plus de 700 000 hommes, femmes et enfants étaient regroupés dans ce qui restait de l’univers concentrationnaire et génocidaire nazi à l’agonie.
La moitié d’entre eux devait encore périr, notamment dans les marches de la mort, avant que les armées alliées, dans leur progression, n’ouvrent enfin les portes des camps sur une insoutenable vision d’horreur.
Les survivants de ce drame du genre humain, par leur esprit de résistance, leur volonté et leur profond attachement à préserver leur dignité, ont surmonté des conditions inhumaines malgré la présence et la menace permanentes de la mort.
Le 1er octobre 1946 s’achevait le procès de Nuremberg qui fondait la notion de « crime contre l’humanité » et posait les bases du droit pénal international.
De tout cela, rien ne doit être oublié…
Et pourtant, si les déportés ont su montrer dans les pires circonstances que la résistance face au crime demeurait toujours possible, leur persévérance à témoigner partout et auprès de tous ne suffit pas à faire disparaître la haine, le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et le rejet des différences.
Combattre sans relâche les idéologies qui affaiblissent notre modèle républicain et prônent le retour à l’obscurantisme et au fanatisme,
Promouvoir la tolérance,
Investir dans l’éducation morale et civique des jeunes générations.
C’est le message des déportés, qui veulent faire de la journée nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation, une journée d’hommage, de recueillement, et plus encore, d’engagement personnel.
La période dramatique de la déportation rappelle en effet cruellement que les êtres humains sont responsables de l’avenir qu’ils préparent à leurs enfants, et qu’ils partagent une même communauté de destin.
Ce message a été rédigé conjointement par :
La Fédération Nationale des Déportés, internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps nazis,
L’Union Nationale des Associations de Déportés, Internés, de la Résistance et Familles (UNADIF-FNDIR)

Paris.fr ne fait aucun suivi publicitaire et ne collecte aucune donnée personnelle. Des cookies sont utilisés à des fins statistiques ou de fonctionnement, ainsi que d'analyse (que vous pouvez refuser ici), nous permettant d'améliorer le site en continu.

Plus d'informations